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Perdre le langage et le réacquérir

Photo du rédacteur: Barbara CoelhoBarbara Coelho

Notre dernier blogue portait sur le délai du langage, mais avez-vous entendu parler de la perte du langage? 😱


C'est l'aphasie qui a attiré mon attention vers la carrière d'orthophoniste. Ma première job à l'âge de 15 ans a été dans une maison de retraite religieuse; j'aidais des gens qui avaient perdu leurs habiletés de parler, manger indépendamment, et de compléter la majorité des activités de la vie quotidienne sans support. Certains ne pouvaient pas se rappeler de leurs noms, leur âge, ou même où on se trouvait. Par contre, une fois par jours ces personnes se rassemblaient pour prier ensemble. Même si je n'étais pas réligieuse, j'ai été surprise par ce que j'ai vu et j'ai gardé ce moment avec moi pendant longtemps. Comment se pouvait-t-il que ces personnes là avaient tellement de difficulté à parler et à se rappeler de qui elles étaient, mais qu'elles pouvaient prier sans aucun support? Qu'est-ce qui était en train de se passer?



Quelques annés plus tard je me suis retrouvée dans un cours de neurolinguistique lors de mon baccalauréat. Un des premiers séminaires était sur l'aphasie -- soit la perte du langage -- et alors j'ai commencé à trouver les réponses aux questions que j'avais depuis mon adolescence. Les gens avec qui je travaillais avaient perdu l'habileté de comprendre et d'exprimer le langage par conséquence d'AVCs (accident vasculaire cérébral), ou de la dégénérescence naturelle du cerveau dû à l'âge. L'aphasie peut aussi survenir suite à des traumatismes contondants et des chirurgies -- en somme, dès qu'on endommage les parties du cerveau responsables pour la compréhension ou l'expression du langage. Quelques comportements linguistiques comme prier (et sacrer!) peuvent être associés à d'autres aires du cerveau qui sont fortement liées aux émotions, et le cerveau pourrait utiliser des voies neurologiques différentes pour produire ces comportements.


L'aphasie peut être progressive ou non, grave ou légère, fluente ou non-fluente, réceptive ou expressive; on a des classifications différentes selon le déficit observé et des approches de traitement différentes aussi.


Le processus de rétablissement peut être très frustrant; les clients rapportent un sentiment constant d'avoir un mot au bout de la langue, mais qu'on ne trouve juste pas. D'autres ont des difficultés à suivre des conversations quand on leur parle rapidement ou avec des phrases longues et complexes. Presque tous rapportent que leurs interlocuteurs sont soit impatients ou condescendants, leur parlant comme s'ils étaient des jeunes enfants. Ils font souvent le deuil de la perte d'habiletés, de connexions, d'indépendance, et dans plusieurs cas, d'espoir.


Vivre avec l'aphasie est un défi et le processus de deuil est normal est nécessaire. Une équipe multidisciplinaire composée d'orthophonistes, travailleurs sociaux, psychologies, ergothérapeutes, et neurologues peut offrir le support nécessaire pour aides des patients et des clients à réentraîner leur cerveau et reprendre les rênes.


Si vous connaissez quelqu'un qui a l'aphasie, soyez patient, utilisez des phrases simples, et présumez leurs compétences. C'est énorme comme support!



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